L’Euro, ça se mérite !

Insuffisante en attaque, légère dans le repli défensif, l’équipe de France devra vaincre de cinq points à Pau pour aller en Pologne.

ANVERS – (BEL) de notre envoyé spécial

C’EST UNE PETITE copie, un travail mal fagoté et la sentence est logique. Hier à Anvers, dans une Lotto Arena émoustillée par l’événement, les Lions belges ont rugi de toute leur rage et la France se retrouve ce matin le nez dans le gazon des interrogations. Bien sûr, d’un strict plan comptable, l’affaire ne confine pas à la catastrophe. Mais elle n’est pas juteuse non plus ! On voulait croire la France capable de s’imposer en Belgique, se dresser comme la maîtresse de cette ultime cérémonie de repêchages et ce fut tout l’inverse. Hormis un premier quart-temps sur les ailes d’un Parker agressif, venimeux et inébranlable en attaque (17-27, 9e), la France a pris de plein fouet les cœurs belges, reculant, subissant l’envie et les désirs brûlants d’une armada bien décidée à sectionner les rêves français au massicot.

Avec quatre points à reprendre en Béarn dimanche (17 heures), dans un palais des sports amoureux et ardent où les Bleus restent sur neuf succès de rang, l’affaire n’est pas insurmontable mais elle conserve des allures de défi. « Bien sûr que c’est faisable mais c’est quand même très compliqué. Les Belges vont vouloir contrôler le tempo et jouer avec nos nerfs », avouait le sélectionneur français, Vincent Collet, à la sortie d’un match dont il avait imaginé la trame bien en amont. « C’est une déception, évidemment, mais c’est le match auquel je m’attendais. Les Belges ont joué le match de leur vie, jusqu’au bout et ils ont mis les paniers qui comptent à la fin, autant avec leurs mains qu’avec tout le reste », estimait-il, faisant allusion à ces deux primés consécutifs de Lauwers dans la dernière minute trente qui scellaient le sort de cette rencontre et laissait le suspense bien vivant.

Pauvre attaque sans Parker

Certes, le coach français avait sans doute prédit que chaque geste belge, chaque course, chaque pas seraient irisés par les lumières de cet impossible défi mais il ne pensait sans doute pas voir les siens si peu inspirés en attaque. Car, hier, cette rencontre à Anvers avait parfois des réminiscences du passé, quand l’équipe de France regardait Tony Parker dribbler et jouer. En première mi-temps, l’agressivité du meneur des San Antonio Spurs (18 points à la pause) avait ainsi caché pas mal de balbutiements, qui éclataient au grand jour lorsqu’il quittait le terrain. D’un coup, les Bleus se regardaient, sans faire vivre la balle. Nicolas Batum, dans un jour sans, était hier incapable de prendre le relais, Boris Diaw mettait une mi-temps avant de peser un peu sur le jeu, dans un poste 4 qui lui va décidément bien mieux. Et si Alain Koffi, au relais d’un Florent Pietrus noyé, et Ronny Turiaf dans une bataille de géants avec Mbenga, rendaient des feuilles correctes, la prestation d’ensemble avait quand même pas mal de trous.

D’autant que si la France affichait ses carences offensives sans Parker, ce dernier eut hier clairement de vraies difficultés à défendre fort. Toujours gêné par une cheville douloureuse, Parker a du mal encore visiblement dans les déplacements latéraux et fut en difficulté dans les prises d’intervalles des meneurs belges, Moors et Van Rossom, dans le deuxième quart-temps notamment. Vincent Collet, à demi-mots, en convenait. « Ça va s’améliorer avec le temps, chaque jour devrait l’aider à retrouver la plénitude de ses moyens. Mais ce soir, il est redevenu parfois le joueur que l’on connaît », positivait le coach tricolore, qui n’aura pas vraiment goûté en revanche la légèreté du repli défensif français, qui permit à maintes reprises aux Belges de courir et de relancer la machine. « C’est un aspect qui nous pénalise beaucoup ce soir (hier) », consentait-il.

Un autre, un de plus, à rajouter à une maladresse contagieuse dans le tir extérieur (2 sur 12 à 3 points), à un jeu offensif trop souvent arrêté. Hier, l’équipe de France était loin du compte. L’Euro reste encore à portée de mains mais il appelle un véritable assaut, une rébellion en Béarn dimanche.

DAVID LORIOT

 

 

TONY PARKER ne tire pas la sonnette d’alarme mais attend une grosse réaction du groupe à Pau.

« À nous de prouver »

ANVERS –  de notre envoyée spéciale

« APRÈS UNE BONNE ENTAME, cette défaite est d’autant plus frustrante, non ?

C’est clair. Pourtant on a eu une bonne opportunité de gagner ce match, on fait un écart, et finalement il y a Lauwers qui nous met deux gros paniers sur la fin, qui nous font mal. Maintenant à nous de nous ressaisir, il faudra faire un gros match à la maison.

Avez-vous été surpris par l’opposition et la dureté des Belges ?

Non, on savait que ça allait être un match très difficile. Ce sont toujours des matches durs. Et là, ils ont joué avec une grosse confiance. Pourtant on avait bien démarré le match, on avait pris dix points d’avance, mais on les a laissés revenir assez vite dans le deuxième quart-temps. Après on leur a donné de la confiance, ils ont commencé à mettre les tirs extérieurs, et à mieux défendre. Ils mettent les gros paniers à la fin, il faut leur donner du crédit.

Ils reviennent quand la France joue avec son deuxième cinq. C’est inquiétant que le jeu se détériore comme ça quand les cadres ne sont plus là ?

Ça, c’est quelque chose qu’il faut qu’on revoie. On va en parler, mais non, je ne vais pas dire que ça m’inquiète.

« Dimanche, on défendra mieux »

L’équipe de France a aussi souffert en défense, non ?

Mais notre meilleur défenseur, c’est “ Flo ” (Florent Piétrus), et il a tout de suite un problème de fautes ; après c’est plus difficile. J’espère qu’il fera un gros match au retour, j’attends beaucoup de lui. Il n’a pas eu de chance aujourd’hui. C’est toujours difficile avec les arbitres : faute ? pas faute ? Bon, ce n’était pas son match, mais je sais qu’il va revenir très fort.

Le groupe est-il touché, vexé par cette défaite ?

Un peu, oui. On n’aime pas perdre. Mais il faut relativiser.

Ce n’est donc pas le même constat que face à la Finlande (défaite 73-77) ?

La Finlande, ça ce n’était même pas un match de basket.

Le secteur intérieur des Belges était connu, mais leurs extérieurs vous ont débordés aussi...

Oui, ils ont été forts. D’habitude ils ne mettent pas trop de tirs à trois points, ils ont mis dedans. Mais c’est comme ça quand tu joues à domicile : tu as des petits coups de folie et c’est ce qu’ils ont fait ce soir (hier). Ils ont bien joué le coup.

On vous a vu aussi beaucoup discuté avec les arbitres ; vous estimez qu’ils laissent trop de liberté aux joueurs qui défendent sur vous ?

(Sourire et soupir)... C’est difficile. Je sais que les arbitres ne peuvent pas tout voir, tout siffler. Mais des fois, il y aurait pu en avoir quelques-unes de plus. Mais bon, c’est comme ça, il faut jouer avec.

Comment voyez-vous le contexte du match retour ?

Je pense que dimanche on shootera avec une meilleure adresse et qu’on défendra un peu mieux. Avec le public derrière, je pense que ça se passera bien. Après, il ne faut pas sous-estimer les Belges. Ils seront peut être capables de refaire un deuxième match comme ça. On voulait avoir le match retour à Pau, on l’a, maintenant à nous de prouver qu’on peut être à la hauteur aussi. »

LILIANE TREVISAN